Les derniers jours de mars s’étirent doucement. Le printemps s’installe tout aussi doucement, entre rayons de soleil réconfortants, giboulées soudaines, bourrasques froides…et chutes de neige. Eh oui, cette dernière semaine de mars, alors que les enfants s’apprêtent à glaner quelques œufs de Pâques dans les jardins, et que les osmies s’activent à se reproduire, il a neigé chez moi (j’habite aux confins du Pilat (Loire) à près de 650 m d’altitude). La neige du coucou comme on dit chez nous. Certes, la couche de neige n’était pas celle du week-end de Pâques 2022 (30 cm un 1er avril…non non, ce n’est pas une blague !) mais le blanc avait bien recouvert mon jardin déjà bien blanc.
Car oui, j’aime le blanc. Et le printemps est la saison phare pour qui aime les plantes et arbustes aux floraisons immaculées, blanc neige en quelque sorte. Sauf que certains de ces végétaux n’aiment guère la neige. Et ce matin-là, au réveil, quelques-uns faisaient grise mine. Même si les plantes et arbustes qui peuplent mon jardin sont plutôt rustiques. Car ici on n’est jamais à l’abri d’une neige tardive qui s’invite alors que le jardin a revêtu ses plus belles parures printanières.
Les plantes aux fleurs blanches qui ne craignent pas la neige
En mars, ces plantes-là ont souvent tiré leur révérence. Les fleurs ont fané mais elles restent encore dans mes souvenirs avant de revenir ou de refleurir l’année prochaine, encore plus belles, encore plus denses, encore plus blanches. Cet hiver, c’est mon hellébore qui s’est montré le plus vigoureux, le plus florifère. Il faut dire qu’il a bien mis 3 ans pour confortablement s’installer et enfin m’honorer de ses fleurs aux pétales presque diaphanes sous l’effet du froid.
L’autre fleur qui illumine mon jardin de blanc en hiver est le crocus. Toujours au rendez-vous d’année en année, les crocus pointent délicatement leur nez dès le mois de février, se frayant parfois un passage à travers les cristaux de givre ou de neige. Mais leur floraison est un enchantement au milieu de la pelouse. Surtout lorsqu’ils apparaissent un beau matin alors qu’on les avait presque oubliés. Aujourd’hui, les fleurs ont fané mais les bulbes de printemps ont enclenché leur « hibernation » pour reconstituer leurs réserves nutritives. L’an prochain, ils reviendront encore plus forts car ils se naturalisent spontanément.
Quand la neige s’invite dans mon jardin printanier blanc
Le printemps est certainement la plus belle saison dans les jardins blancs, car les fleurs blanches y apportent l’apaisement, la légèreté, la quiétude dont chacun a besoin au sortir de l’hiver. Dans mon jardin aux dimensions trop modestes pour laisser libre cours à ma passion, je trouve que le blanc apporte aussi du volume, de la consistance, de la grandeur.
Le blanc c’est aussi le summum de l’élégance et de la pureté. Un peu à l’image de mon camélia, cultivé dans un grand pot gris anthracite, à mi-ombre.
Aux prémices du printemps, le blanc se décline en une palette subtile dans tout le jardin. Certains diront que cette tonalité blanche monochrome est terne et plate, mais pourtant mon jardin n’est jamais aussi lumineux qu’à cette saison. Même (surtout) quand la neige s’invite subrepticement en un mince manteau gelé et lourd.
Le blanc va aussi très bien aux arbustes. Et, dans mon jardin, nombreux sont ceux qui se parent d’un blanc printanier. Et la neige ne les a guère perturbés dans leur floraison naissante ou bien avancée.
Ainsi, j’aime particulièrement l‘Exochorda, le bien nommé arbre aux perles grâce à la forme de ses boutons floraux. Des boutons floraux qui, l’an passé, avaient gelé et n’avaient pas pu éclore. Cette année, les fleurs se sont épanouies juste à temps pour braver les derniers flocons de neige de l’année (enfin j’espère !). À proximité de mon Exochorda, mon oranger du Mexique (Choisya) embaume déjà même si ses bouquets de fleurs ne se sont pas encore épanouis. Quant à l’andromède du Japon (Pieris), il offre ses premières grappes pendantes de petits grelots blancs alors que se dessinent les premières pousses rougeoyantes. Non loin, cultivé en pot, le laurier tin (Viburnum tinus) se fraye une petite place parmi les floraisons printanières
D’autres se préparent encore en coulisses avant d’entrer sur la scène végétale. Pas encore parés de leur robe blanche, la spirée, l’amélanchier et le rhododendron attendent leur heure. Celle où ils laisseront exploser leur floraison d’un blanc pur. En attendant, ils se font discrets, surtout sous cette neige qui est venue les surprendre.
Les plantes qui dérogent à la règle du blanc
Certes, j’aime le blanc virginal, le blanc teinté de rose, le blanc rehaussé d’étamines jaunes, mais j’aime aussi la couleur. En cette fin mars, seul le magnolia apporte sa pointe de couleur grâce à ses boutons rose violacé. Ses boutons floraux éclosent tout juste mais déjà c’est une promesse de belles fleurs qui s’annonce. En revanche, il n’a pas accueilli avec bienveillance cette neige tardive.
Pour autant, j’ai aussi choisi de décliner le magnolia en blanc. Avec deux Magnolia grandiflora, encore tout jeunes, mais qui, dès le mois de juin, me gratifient de magnifiques fleurs d’un blanc laiteux à la texture cireuse.
Quelques heures après être tombée, la neige s’en est allée, cédant sa place au soleil printanier. Un soleil bienvenu pour faire la part belle aux fleurs roses…Car j’aime aussi le rose dans mon jardin.